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L’éducation c’est quoi ?

L’éducation c’est quoi ?

Toute philosophie de l’éducation est aussi une vision morale et politique. Cette réflexion, souvent critiquée, puise sa source dans 3 grands moments de l’histoire en Occident durant lesquels ont été véhiculées plusieurs visions, l’une se voulant en rupture avec l’autre.

1- La vision aristocratique, caractéristique de la Grèce antique. L’éducation a pour but la vertu, c’est-à-dire l’excellence dans un genre. Elle passe par l’actualisation des talents naturels, reçus à la naissance, qui sont en puissance dans l’enfant. Le mot d’ordre est : « Deviens ce que tu es ! » Le moyen pour y parvenir n’est pas le « travail » mais l’« exercice », car à l’époque le mot « travail » était réservé aux esclaves.

2- A partir du 18 ème siècle se développe la vision méritocratique dont le but est d’« élever » (d’où la notion d’élève) chaque enfant pour qu’il acquière des valeurs et des normes (morales et culturelles) qui le transcendent comme individu, le transforment en citoyen, membre d’une collectivité. L’objectif est : « Deviens autre que ce que tu étais au départ ! » Le moyen pour l’atteindre est l’effort méritant, le travail érigé en vecteur d’humanisation. La remarque-type de l’instituteur républicain est : « Peut mieux faire ! ».

Un maillon essentiel dans le passage de la vision aristocratique à la vision méritocratique est la contribution chrétienne. Celle-ci a constitué une rupture par rapport à la Grèce antique en promouvant deux valeurs fondamentales. D’une part, l’égalité en dignité de tous les êtres humains, indépendamment de leur appartenance sociale, de leur race, de leur intelligence, etc… et d’autre part, la liberté. Les talents naturels, reçus en partage à la naissance, ne deviennent des vertus que par l’usage libre – pour le bien ou le mal – que l’on en fait.

3- Puis, dans les années 1960,  émerge la vision démocratique comme une contestation radicale des deux précédentes approches. Le but de l’éducation est de permettre à l’enfant de s’épanouir, de pouvoir s’exprimer, d’être authentique. Le slogan est : « Sois toi-même ! » D’où le plaisir et la place de l’élève au centre du système scolaire, la mise en question des notes, le refus des normes considérées comme répressives, la psychologisation des méthodes d’enseignement. Il n’y a pas d’éducation sans contrainte, d’apprentissage sans effort. L’intérêt d’une matière croît à mesure qu’on la travaille. Il faut donc d’abord faire travailler les élèves, la motivation et l’intérêt viendront plus tard. Eduquer, c’est proposer un environnement qui a du sens

A ce jour ces trois visions continuent de coexister sous des formes variables. Elles ont toutes leur légitimité, leurs vertus et leurs défauts.

Pourquoi notre société doit-elle continuer d’éduquer ?

L’éducation est un travail qui concerne le développement de la personne elle-même sans occulter celui de la société.  L’éducation, prise au sens large du terme,  est protectrice ; elle protège à la fois les enfants, les femmes, les hommes et notre société. Mais en même temps, pour éviter que cette société ne nous détruise, l’éducation nous accompagne, nous assiste et nous soigne. En même temps notre société a besoin d’une éducation protectrice qui l’empêche d’être annihilée par la vague des nouveau-nés qui déferlent sur elle à chaque génération.

Il est important à notre avis, de souligner que nous naissons avec la capacité d’être formé, éduqué. Mais quel est l’objectif de cette éducation ? A cette question simple qui engendre des réponses  complexes nous essayons de rester pragmatiques en évitant de nous enfermer dans des théories « inexpérimentables ». Eduquer c’est former tous les citoyens capables d’affronter le  tourbillon social, des citoyens en capacité de prendre de la distance vis-à-vis de la société, pour acquérir les codes qui leur permettront de juger  raisonnablement et ce de la façon la plus sensée qui soit.

Partant de ce postulat, l’éducation est aussi une protection de l’Homme contre lui-même pour qu’il puisse devenir un être raisonnable certes, mais libre et capable de s’adapter à son environnement ; libre de penser, libre de communiquer, libre d’agir, libre d’évoluer et de faire évoluer son environnement dans le respect des institutions républicaines.

Donc, dans le cadre du travail, la fonction de l’éducation dans « la vie de l’Homme »  est d‘assurer la transition de l’hétéronomie à l’autonomie. Une question fondamentale se pose : pour quelle raison cette autonomie est-elle indispensable pour l’Homme ? Qu’attend « l’Homme autonome » de cette éducation ? Est-ce en vue d’acquérir une compétence particulière, d’occuper un emploi,  d’exercer un  métier …? Ou de s’intéresser à une culture autre que la sienne …?

Aujourd’hui, l’éducation est réduite à une conception de préparation pour un travail, voire un métier. C’est une façon d’acquérir des moyens pour vivre, pour mieux vivre, ou espérer vivre mieux. Si toutes ces motivations sont importantes, il ne faut pas pour autant en rester là. Il ne faut pas apprendre aux enfants des pensées, mais par contre, il faut leur apprendre à penser. Platon a bien saisi cette finalité en disant : « La véritable éducation, c’est avoir éduqué le souci de soi-même »

Acquérir des moyens qui nous aident à vivre est fondamental, mais encore faut-il penser au sens même de la vie. L’éducation nous offre la possibilité de développer en nous un esprit d’écoute, d’analyse, de jugement… pour au final hiérarchiser des valeurs selon des critères. Il faut toujours avoir présent à l’esprit cette question du sens de la vie durant toute formation. Rousseau a dit : « …vivre, c’est le métier que je veux lui apprendre. En sortant de mes mains il ne sera ni magistrat, ni soldat, ni prêtre. Il sera premièrement homme… ». 

Pour répondre à la question posée initialement, l’éducation, dans la vie d’un Homme, est la clé de voute de son existence autour de laquelle viennent s’agréger d’autres composantes telles que les compétences comportementales et professionnelles. Elle le structure, elle lui apprend à relever les défis, elle l’amène à se surpasser, elle l’élève toujours davantage pour au final l’accompagner sur le chemin de l’autonomie. Ainsi le rôle de l’éducation consiste à produire des individus sociabilisés, intellectuellement armés, pour d’une part, appréhender les situations difficiles et d’autres part, répondre aux défis des environnements qui les entourent.


Date de création : 09/01/2015 21:36
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