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Qu'est-ce que la culture ?

Qu’est-ce la culture ?

Nous avons assisté ces derniers mois, en conseil municipal, à des débats polémiques, sans consistance et « gesticulés » autour de la culture. Le cœur du sujet faisait référence à l'éducation populaire et à la notion de culture, mais aussi à des projets scolaires et de théâtre. Lors d’une intervention, Mme LAVAL a cité cette phrase : « Tout d'abord, la ville considère qu'il est anormal que les collectivités locales aient à financer un service durant le temps scolaire qui appartient à l 'Education Nationale. Si l'Etat considère que l'apprentissage du théâtre est une matière nécessaire pendant le temps de l'école, c'est à l'Etat de le financer ». Cette nouvelle majorité conduite par Gilles GASCON a donc décidé de revoir plus de la moitié de la programmation culturelle.

Certes ! Intéressons-nous à la culture au sens large du terme avant de nous prononcer sur les méthodologies mises en œuvre pour conduire certains projets cultuels.

Beaucoup parmi nous ont tendance à considérer que la culture se compose d'art, et uniquement d'art. Ce qui n'est bien sûr pas le cas ; ses propos nous rappellent que la culture comporte de nombreux autres aspects qui méritent eux aussi de ne pas être oubliés. Car l'enjeu profond de ces questions culturelles, c'est… la démocratie, tout simplement.

Commençons donc par vérifier la définition du mot « culture ».

La  culture c’est :

  • la fructification des dons naturels permettant à l'homme de s'élever au-dessus de sa condition initiale et d'accéder individuellement ou collectivement à un état supérieur.
  • l’ensemble des moyens mis en œuvre par l'homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût.
  • le bien moral, le progrès intellectuel, le savoir à la possession desquels peuvent accéder les individus et les sociétés grâce à l'éducation, aux divers organes de diffusion des idées, des œuvres, etc.

Vous noterez que l'art n'y est pas mentionné. Même si on peut le mobiliser pour les aspects de goûts, de savoirs et d'œuvres, cela ne concerne qu'une partie de cette définition, et il en reste bien plus à découvrir. Et particulièrement, Nous aimerions attirer votre attention sur deux points de cette définition : la notion de progrès, d'« état supérieur », et celle de jugement. Il est, nous semble-t-il, essentiel de comprendre que ces deux notions vont de paire.

S'il ne faut certainement pas sombrer dans l'égocentrisme ou l'ethnocentrisme, et considérer que notre propre manière de voir les choses est la seule pertinente, peu importe les contre-arguments que les autres peuvent y opposer, il nous semble qu'il ne faut pas non plus poser que tout se vaut, et que l'excision, la circoncision, les mariages forcés ou arrangés, les systèmes de castes, et autres éléments de ce genre ne seraient que des particularités « culturelles » sur lesquelles il n'y aurait rien de particulier à dire.

Dit autrement, le respect des autres, ce n'est pas s'abstenir d'émettre quelque avis négatif que ce soit sur les positions et comportements des autres. Nous fonctionnons par un système de valeurs, et il est simplement normal de considérer que certaines choses sont meilleures que d'autres. Cela ne nous autorise bien sûr pas à aller imposer nos idées aux autres par la force ; mais tâchons au moins de savoir les défendre par le dialogue.

Si nous recherchons le progrès, c'est que nous sommes capables d'évaluer la progression et de poser l'état dans lequel nous espérons arriver comme supérieur à celui duquel nous sommes partis. Reste à déterminer comment nous l'évaluons, et comment nous progressons, ce qui n'est pas une mince affaire.

Une chose essentielle à comprendre est qu'il ne suffit pas d'ingurgiter des connaissances pour progresser. D'abord, parce que la quantité de connaissances disponibles est de toute façon trop importante : quoi que l'on puisse connaître, il en restera toujours énormément que nous ne connaîtrons pas. Ensuite, parce que ce jeu, tout le monde le pratique, et que l'ingurgitation des connaissances ne permettra mécaniquement jamais d'arriver à un état égalitaire de la société : si tout le monde ingurgitait de la même manière, les disparités initiales se retrouveraient inchangées à l'arrivée, et le progrès relatif serait nul. En pratique, c'est pire encore, car ceux qui progressent le mieux sont ceux qui partaient avec les meilleurs atouts à l'origine, et l'ingurgitation ne permet donc que de creuser l'écart.

L'éducation, ce n'est pas seulement l'instruction. Le but n'en est pas de remplir les têtes, mais de leur apprendre à fonctionner. Bien sûr, il est nécessaire, pour cela, d'avoir quelques connaissances : un cerveau ne peut simplement pas fonctionner « à vide », sans référents sur lesquels s'appuyer. Mais il est plus important de savoir réfléchir, d'être en mesure de décrypter la société et ses messages, que d'accumuler des connaissances sans rien savoir en faire.

Si ce travail commence dès l'école primaire, il est également important qu'il se prolonge tout au long de la vie. L'éducation ne concerne pas seulement nos enfants : les adultes, également, doivent apprendre à gérer des choses nouvelles et à exercer leur esprit critique face à l'évolution perpétuelle de la société. L'éducation populaire comptait ainsi s'adresser aux jeunes adultes, et aborder des questions politiques qui n'auraient pas eu leur place plus tôt.

Le syndicalisme, le militantisme politique, par les interrogations, les jugements et les prises de positions qu'ils impliquent, sont des parts importantes de la culture, et il est essentiel de les revendiquer comme tels.

D’où l'importance de la culture scientifique, malheureusement sous-représentée dans les médias, et peut-être jusque dans le domaine scolaire. En effet, la science est avant tout une affaire de curiosité, de volonté de compréhension : vous comprendrez sans doute l'adéquation avec ce que nous vous présentions ci-dessus.

Il est important, pour l'ensemble des citoyens, de bien reconnaître ce qui est science et ce qui ne l'est pas. Entre autres aspects importants, le droit qu'à chacun de questionner les connaissances scientifiques, qui la distingue des « Vérités » professées dans d'autres domaines, ne peut s'exercer que si chacun maîtrise suffisamment ces connaissances scientifiques – et maîtriser, cela signifie aussi avoir suffisamment de recul à ce sujet.

L’art, au même titre que la science n'est pas le privilège de quelques-uns. Comme la culture, l'art, ce n'est pas seulement les musées et les grandes œuvres, fruit de quelques individus plus géniaux que les autres. C'est également quelque chose que chacun d'entre nous peut fabriquer. L'éducation populaire, ce n'est pas qu'aller au cinéma : c'est aussi apprendre à monter son propre film. Offrir aux gens l'envie et la possibilité de réaliser leurs propres œuvres, c'est faire un pas vers la réelle démocratie.

Mais qu'est-ce que la démocratie, au juste ? Pouvons-nous avancer que c’est le « pouvoir du peuple » sans avoir la moindre idée de la façon dont le peuple détiendrait et exprimerait ce pouvoir ? Probablement pas ! Une démocratie est une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage, un compromis.

Cela reste un exercice difficile du fait que les sociétés sont divisées, dans les faits, et il paraît donc improbable de parvenir un jour à un état qui ne le soit pas ; il faut donc assumer cette réalité. Comme les sociétés changent, les divisions et les contradictions évoluent, aussi la démocratie est-elle une préoccupation permanente ; il ne suffirait pas, quand bien même ce serait possible, de résoudre les problèmes une seule fois et de penser que cela ira éternellement. Dans un processus démocratique tous les citoyens doivent être en mesure, ensemble, d'analyser, de délibérer, et d'arbitrer ces contradictions, afin de maintenir le cap vers une société meilleure.

Donc, la culture, c'est simplement l'ensemble des activités intellectuelles qui rendent cela possible.

Prétendre qu’il est techniquement possible de parvenir à une société « idéale et indivisible» (un état, un peuple, une histoire, une culture, une religion…) n’est que pure folie, car dans ce cas, cela abouti à une société totalitaire.


Date de création : 09/01/2015 20:10
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